Un peu d'histoire !

 

Plus de 500 dolmens et tumuli témoignent d'une longue présence sur les terres Rouergate. Il y eut surtout les Rustènes, peuple celte fier, s'entendant bien avec ses voisins avernes au nord, cadurques à l'ouest et volques au sud. Ils ne connurent l'occupation romaine qu'après la défaite de Vercingétorix.

 

Le Rouergue s'affirma par la suite comme une grande terre de christianisation. Fondation de Conques sous Charlemagne, qui devint l'une des plus importantes étapes du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le Rouergue exporta d'ailleurs beaucoup de prêtres et d'évêques durant toute l'histoire de France (notamment Mgr Affre et Mgr Marty à Paris). Contrairement à ses voisins -la région de Montauban, les Cévennes et le sud de la région (Millau) -, le Rouergue ne se laissa guère séduire par les sirènes huguenotes. La guerre de Cent Ans y causa, comme en Gascogne et Quercy, les dégâts classiques, mais les XV° et XVI° siècles connurent une certaine prospérité (développement architectural de Millau et Rodez). A noter que l'introduction du français écrit y rencontra une vive résistance et que ce n'est qu 'à la fin du XVI° siècle qu'il s'imposa. En 1643, soulèvement de masse des fameux " Croquants " de Villefranche contre la famine et l'exploitation. Le XVIII° siècle se révéla aussi une période très noire pour le Rouergue qui connut l'une des misères paysannes les plus dramatiques. C'est en 1800 qu'on y découvrit le célèbre " enfant loup " qui passa les onze premières années de sa vie dans la forêt. François Truffaut s'inspira de cette histoire pour tourner l'émouvant film " L'enfant sauvage " en 1969.

 

Le XIX° siècle apporta cependant une certaine croissance économique et, même si le département restait fondamentalement rural, il connut un début d'industrialisation (création du bassin de Decazville) et une nette amélioration des rendements agricoles grâce aux engrais. Sous les coups de boutoir de l'école de la République, l'occitan, très présent dans le Rouergue, recula notablement (ainsi que l'analphabétisme, mais l'un n'entraîne pas obligatoirement l'autre). L'exode rural reprit et l'Aveyron se remit à exporter ses habitants. On retrouve des Aveyronnais jusqu'en Argentine, comme une émission de TF1 permit de le découvrir (les " Aveyronnais de Piguë ", dans la Pampa).

Le Rouergue est la seule province de la région Midi-Pyrénées qui tienne quasiment dans les limites du département de l'Aveyron. N'allez cependant pas croire qu'elle soit homogène pour autant. Du côté de Villefranche, elle prend des couleurs et des formes franchement quercynoises. A Entraygues et Laguiole, on fait plus que loucher vers l'Auvergne, et que dire de Millau et Nant, peut-être plus méditerranéennes qu'on peut le penser !

 

" Terre de contrastes ", les dépliants touristiques invoquent cette consternante formule pour décrire l'Aveyron. C'est plus fort que cela. En terre rouergate, le changement est permanent. D'une ville à l'autre, on passe d'un plateau quasiment désertique à une vallée verdoyante où sillonnent des rivières poissonneuses. Les plateaux volcaniques succèdent aux gorges abruptes. Autre paradoxe, c'est l'un des plus grands départements français et l'un des moins peuplés. L'exil intérieur frappe durement, la désertification des villages s'accentue inexorablement. Logique inévitable ? Pas forcément. A Laguiole, on a relancé la fabrication du fameux couteau, et la production des non moins célèbres vaches Aubrac est devenue part intégrale de la renaissance non seulement de l'économie, mais aussi de l'identité culturelle aveyronnaise. De Villefranche-de-Rouergue à Espalion, en passant par Rodez, on a compris en outre tout ce qu'un tourisme intelligent peut apporter. De jeunes équipes, pleines de bonnes idées, " en veulent " et se démènent pour faire connaître leur pays avec de superbes programmes et un excellent matériel touristique.

Allez, venez en Rouergue, c'est vraiment le pays des grands espaces. Et puis, vous y découvrirez l'un des environnements les mieux préservés.

 

Eh oui ! Peu ou prou d'usines qui polluent, des villes à taille et à visage humains, des villages qui ressemblent à des cités de contes de fées, tant ils rayonnent de beauté, livrant à celui qui sait prendre le temps de les découvrir de fascinantes demeures médiévales quasi intactes. Seule l'autoroute A75 dénature (aussi peu que possible) la beauté de cet endroit. Mais si la logique de l'économie s'occupait de considérations esthétiques et écologiques, ça se saurait … Enfin, un dernier détail profondément émouvant, voire poignant : c'est l'une des rares régions françaises à offrir des images rustiques, de pittoresques tranches de vie rurale comme il y e cinquante ans (symbolisée par le travail " à bœufs " à 'entrée des villages). Certes, plus pour longtemps. Dix ans peut-être (au-delà, si vous n'êtes pas venu y faire un tour, on ne vous cause plus !). Et puis, ô surprise, des jeunes ouvrent aussi des fermes-auberges et des campings à la ferme, perpétuant la bonne vieille convivialité d'autrefois. Pont inespéré entre gens différents et approche harmonieuse des cultures rurale et citadine. Bon, on vous le dit encore ! vous iriez sans cesse d 'étonnements en surprise… L'Aveyron, c'est vraiment le dépaysement garanti !

 Le Guide du Routard "Midi-Pyrénées" 2000 - 2001 - Editions Hachette

 

 

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